Lieu : Le domicile de Bernard et d’Annie, après une journée de travail.
Annie (lasse) :
Je sais que ça va mal se finir !
Bernard (rêveur) :
Tu voulais voir se lever le soleil sur la mer, au solstice d’été.
Annie :
Tout ce travail, les ordres, les contre-ordres, les horaires, le téléphone qui ne cesse de sonner, les rendez-vous des chefs. Je suis épuisée.
Bernard :
Tu voulais des arcs-en-ciel sous la pluie, des comètes aux chevelures lumineuses.
Annie : (agressive)
Les machines à écrire détruisent mes rêves et toi tu viens me parler d’arc en ciel !
Bernard : (tendrement)
Dans la machine il y a aussi des rêves. Ce sont tes yeux qui dessinent le monde et non les touches de ton clavier.
Annie : (en martelant ses mots)
Fatiguée, je suis fatiguée, secouée, essorée, éreintée, lessivée, broyée.
Bernard : (résolu)
Je voulais partager tes nuits d’étoiles filantes et maintenant, je vais étendre le linge.
Annie : (vivement)
Tu sais que Christophe a été licencié ?
Bernard :
Elles sont où les pinces ?
Annie : (vindicative)
Oh, arrête avec tes questions stupides. Je te parle du boulot et des soucis et toi tu n’as qu’une préoccupation : savoir où sont les pinces à linge !
Bernard : (en lui souriant)
Ah ! on y arrive !
Annie : (implorant Bernard)
Regarde-moi. J’ai envie de pleurer. Empêche-moi de pleurer. Emmène-moi voir le soleil se lever.
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Domi - 12/06/2013 - Stage d'écriture théâtrale avec Pierre Frenkiel à Marseille à l'R de la mer.