Lors de "Faites des écrits", le 22 juin 2013, l'atelier de Dominique a commencé par une déambulation dans le jardin au cours de laquelle des textes d'auteurs ont été lus (Ovide : Les Métamorphoses, Victor Hugo : Dans un jardin antique, Marcel Proust : Les jardins de nymphéas, Andrée Chedid : Terrasse). Puis des "pétales" de mots issus des participants ont été échangées.
L'invitation à écrire suggérait d'évoquer un parcours (étapes, changements de style ou de personnages) en s'appuyant sur les textes lus et les sensations saisies au cours de la déambulation dans le jardin.
Je veux remercier tous les participants qui se sont prêtés à ce jeu d'écriture. Nicole et Rose acceptent de se laisser glisser dans le blog. D'autres textes sont à venir.
JARDIN ÉCHEVELÉ
Dans les pétales d’une marguerite ….
Ne prenez pas ombrage !
Oui j’ai déambulé, picorant ici et là, au rythme des « cellule » des impressions picturales et puis des ressentis… troubles.
La profusion d’espèces glissant des terrasses aux pentes douces, sagement canalisées ou débordant, sauvages, de leurs espaces, la reptation du groupe, scindé, puis se remariant, tout a concouru à mettre du désordre et de la confusion.
Ce jardin destiné au calme, à la méditation, m’avait précipitée de tonnelle en noria, de glycine en lavande, et me laissait perdue aux berges du pesquier.
Les poissons rouges vaquaient dans l’eau sombre et tranquille me fascinant et me calmant enfin.
Alors je revoyais étape par étape, ici les breloques pendues aux arbres de prière où des mots effrayants évoquaient la magie, là la vigne mariée à un bel olivier.
Au jardin de Vénus la belle prophétesse lançait des sons jolis, dessinait une fleur. Nos mains avaient touchés les plantes médecine et les parfums mêlés enivraient nos esprits.
L’encre coulait menue alors que nos idées brouillées s’accrochaient en écharpe à la térébinthe ou au grand papyrus.
Espoir de clair de lune sur l’auguste jardin………
Nicole
Vendredi et Alysson
Au dessus du pesquier l’oiseau de la plus haute branche chantait sa liberté au poisson rouge qui ne disposait que de l’espace contraint pour aller et venir.
Arc en ciel, clarté et soupçon
Ainsi va le monde de la terrasse
de la soie au sang versé.
Où retrouver la terre nourricière dans les parcours tout tracés et semblables de goudron et béton ?
Lignes jaunes, feu vert
Danses incessantes des insectes
dans les massifs, les villes.
Parti de nulle part Vendredi recherche son empreinte dans le jardin antique. Il caresse le myrte, presse entre ses mains la sauge, entrevoit le scintillement de l’eau.
Colonnes de faux marbre
surgissant de la luxuriance
verdoyante et épaisse des arbres
Voix intérieures qui se sont tues.
Alysson, que vient faire cette anglaise dans ce décor méditerranéen ? Nom de famille : Maritime. Il s’agit donc d’une immigrée.
Vole vole graine de violette
graine d’ortie et d’amarante
d’achyléas de térébenthine
Vole, vole, sans passeport.
Vendredi erre toujours
sans son empreinte
La garrigue sèche alentours
ne le conduit à aucune pinte.
Au dessus du pesquier l’oiseau de la plus haute branche s’est posé sur un olivier. Vendredi veut s’en saisir, grimpé sur le muret de pierres sèches, il s’élance et tombe dans l’eau.
Repêché le voilà qui dessine lui-même son empreinte.
Rose
Parcours du soleil
Tôt le matin, la « paix du bleu frais peinte sur or » (1) arrivait par la fenêtre. C’était un moment empli des murmures assourdissants de l’eau.
La cloche dans le lointain nous raconta la vie, nous ramena à d’autres réalités que nous voulions mettre entre parenthèses, quelques instants. Fuir la furie et ne cueillir du monde que la courbe élégante des vasques de marbre où les algues stalactites glissent vers la surface du bassin.
Le soleil éclaboussait maintenant le bleu cru du ciel et au loin l’étang bouillonnait dans ses miroitements. Zen. Zénith.
Les plantes attendirent l’heure de la sieste appelant à elles les ombres tournoyantes des colonnes.
Dans l’odeur
De ma nudité
Je m’endors. (2)
La soif nous tenaillait encore lorsque les ombres se firent plus longues, étirées comme les cordes de la lyre.
Le jour déjà enserrait la terre, l’emplissait de flamboiements rougeoyants.
Respirer ?
C’est aspirer toutes les voix
Des cigales du soir. (3)
La nuit viendrait très tard en ces jours de solstice. Jour éphémère, la vie et la mort se mêlaient comme la vigne sur l’olivier. Les fleurs fleurissaient et fanaient.
Que restait-il de tout cela ?
D’infimes traces que le vent emportait.
Dominique
Paul Valéry – Poésie perdue
Haïku de Abe Ka’ ichi
Haïku de Kaneko Tôta
Domi